Ma langue est ma seule richesse
C’était un dimanche. Tu es parti un dimanche. Un coup de tristesse a envahi le pays.
Comment ressentir de la tristesse pour la mort de quelqu’un qu’on ne connaît pas?
C’est possible, toi, tu habitais tout près de nous, tes lecteurs. Les batailles dans le désert, lecture obligée au collège nous a laissé, à chacun de nous, l’empreinte de ces histoires d’amour qu’on n’oubliera jamais, de cette complicité avec quelqu’un qui connaît notre histoire d’amour caché.
Orphelins est le mot exact pour décrire cette émotion du dimanche 26 janvier 2014.
Tu es parti, toi, un des plus grands poètes mexicains, toi un des meilleurs critiques de l’être humain, toi, qui nous a appris que la poésie n’était ni le langage inatteignable, ni les symbolismes obscurs. Toi, qui nous as appris que la poésie est dans la vie quotidienne, dans les choses plus simples de la vie, tu nous as appris que la poésie pouvait, oui monsieur, avoir un air amusant.
Heureusement, nous avons tes lettres pour nous consoler, à un an de ton départ, le Mexique te pleure encore, José Emilio Pacheco.
La misère de la poésie
Je me demande ce que je peux faire avec toi maintenant, de nombreuses années sont passées les empires sont tombés,
La croissante a balayé les jardins, les photos ont été effacées
Et dans les lieux sacrés de l’amour
On a bâti des commerces et bureaux
(avec des noms en anglais bien sûr).
Je me demande ce que je peux faire avec toi et je fais un pseudo poème
Que tu ne liras jamais
ou si tu le lis,
Au lieu d’une pointe de nostalgie, tu feras un petit sourire critique.
Haute Trahison
Je n’aime pas mon pays.
Sa splendeur abstraite
est insaisissable.
Mais (bien qu’il soit mal exprimé)
Je donnerai la vie
pour dix de ses endroits,
certaines personnes,
les ports, les forêts de pins,
forteresses,
une ville brisée,
grise, monstrueuse,
plusieurs figures de son histoire,
montagnes
et trois ou quatre rivières.
Commentaires